Velo ville montreal

Montréal, Québec — 30 août 2024

Depuis quelques mois, une étrange ferveur a envahi les rues de Montréal. Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle manifestation pour la préservation de la poutine traditionnelle ou de la dernière tendance en matière de beignes au sirop d’érable, mais plutôt d’une religion naissante qui prend le contrôle… des pistes cyclables!

Baptisée le « Véloisme », cette nouvelle foi a pour symbole sacré un vélo vintage aux roues parfaitement gonflées, suspendu à l’entrée de ce que les adeptes appellent affectueusement leur « temple de l’asphalte ». Tous les dimanches à l’aube (car pédaler au soleil de midi est considéré comme un sacrilège), des centaines de fidèles se rassemblent au sommet du Mont Royal, où ils récitent en chœur des prières telles que : « Donne-nous aujourd’hui notre asphalte quotidien » et « Que ta piste cyclable vienne, que ton urbanisme soit fait. »

Leur chef spirituel, un certain « Père Pignon », un ancien coursier devenu prophète après une collision mystique avec un Bixi, prêche désormais que les pistes cyclables sont le chemin vers le salut. « Roulez vers la lumière verte », exhorte-t-il depuis son autel, un vélo cargo converti, tandis qu’il distribue des feuilletés sans gluten et des bidons d’eau bénite estampillés du logo de la STM (Saintes Transports Montréalais).

Cependant, tout n’est pas aussi fluide qu’un parcours sur le boulevard Saint-Laurent à 6h du matin. Des tensions commencent à émerger au sein du mouvement. Deux factions distinctes, les « Pédaleurs Pacifiques » et les « Guerriers de la Roue Libre », se disputent l’âme du Véloisme. Les premiers prônent une coexistence harmonieuse avec les automobilistes, tandis que les seconds, plus radicaux, murmurent à demi-mot la nécessité d’une « croisade sainte » contre les voitures, qu’ils qualifient de « roues impures ».

Les rumeurs d’une guerre imminente se propagent comme un vélo sans freins dans une descente. Certains membres des « Guerriers de la Roue Libre » auraient été vus en train de planifier des « opérations de conversion » nocturnes, visant à recouvrir les voitures stationnées de tracts invitant leurs propriétaires à « abandonner l’auto, embrasser le guidon ». Des stickers arborant des slogans tels que « La Voiture est l’Ennemi » ou « Plus de Roues, Moins de Fumée » ont été retrouvés collés sur les pare-brises de malheureux conducteurs, victimes d’une foi devenue offensive.

Père Pignon, visiblement inquiet, a récemment publié un message appelant à la paix entre les différentes factions : « Mes enfants, ne laissez pas la chaîne de l’intolérance rouiller notre mouvement. Rappelez-vous, notre mission est de pédaler vers l’amour, pas de rouler vers la guerre! » Mais son appel à l’unité semble tomber dans l’oreille d’un sourd : les « Guerriers de la Roue Libre » parlent désormais de créer leur propre secte, le « Royaume des Cyclistes Justes », où aucun véhicule à moteur ne serait toléré.

Les autorités municipales, qui observaient déjà ce nouveau culte avec scepticisme, commencent à s’inquiéter sérieusement. « Nous craignons que ce qui semblait être une mode passagère de deux roues ne se transforme en une guerre de terrain pour l’asphalte », a déclaré un fonctionnaire. « Nous avons déjà assez de défis avec la circulation et les travaux de construction, alors une croisade religieuse contre les voitures est la dernière chose dont nous avons besoin. »

Quoi qu’il advienne, une chose est sûre : à Montréal, la bataille entre la bicyclette et le moteur est bien plus qu’une simple question de transport — c’est désormais une question de foi.

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